Les yeux sont rivés sur les bénéfices

L’État du marché
15 octobre 2024

Les yeux sont rivés sur les bénéfices


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Sommaire : À long terme, tout ce qui intéresse les marchés, ce sont les bénéfices. À l’approche de la ronde des résultats du troisième trimestre, les marges devraient retenir l’attention, compte tenu du ralentissement de l’inflation (un facteur négatif pour la croissance des ventes) et de l’inflation des coûts (un facteur positif pour les marges). Surtout, les prévisions des bénéfices mondiaux ont diminué – une tendance insoutenable étant donné que la plupart des indices continuent d’augmenter. Les indications des entreprises sur la suite des choses dicteront la direction des prochaines révisions des bénéfices. Soyez très attentifs.

Avec le temps, les marchés s’apprécient parce que les bénéfices augmentent, et les bénéfices augmentent parce que l’économie prend de l’expansion. Évidemment, le marché fluctue davantage à la hausse et à la baisse que les bénéfices, puisque les ratios boursiers (ratio C/B ou valorisations) varient en fonction de l’état d’esprit des investisseurs, du risque, des facteurs externes, des taux d’intérêt, etc. Le lien entre l’économie et les bénéfices n’est pas non plus très étroit, puisque le levier opérationnel et financier influence l’équation. Toutefois, comme tous ces autres facteurs « perturbateurs » ont tendance à revenir à la moyenne sur plusieurs années, une relation directe existe entre les marchés et les bénéfices. Par conséquent, à la veille de la ronde des résultats du troisième trimestre, les bénéfices actuels comptent assurément, mais les bénéfices futurs aussi.

À 21,8 fois les bénéfices prévus des 12 prochains mois, le S&P est-il cher? Et à 15,3, le marché canadien est-il bon marché? Il ne s’agit pas seulement du prix payé pour les bénéfices courants, mais de la façon dont ces bénéfices vont croître au fil du temps. Le S&P est cher depuis des années et il a été dominant, principalement grâce à une solide croissance des bénéfices. En 2024, la croissance des bénéfices aux États-Unis a été tout juste inférieure à 10 % et elle devrait augmenter l’an prochain. Au Canada, elle a été plutôt faible en 2024, mais on s’attend à une certaine amélioration l’an prochain. Les marchés d’Europe et d’Asie sont moins chers que le marché américain et même un peu moins chers que le marché canadien, par contre la croissance des bénéfices devrait ralentir dans les prochaines années.

L’avantage des É.-U. sur le plan de la croissance des bénéfices devrait se maintenir, mais diminuer dans les prochaines années

Les marchés ont tendance à réagir à la nouvelle information, et la prochaine ronde des résultats et les suivantes regorgent d’information sur les entreprises et leurs activités. La grande question est de savoir si les États-Unis pourront atteindre ce niveau élevé de croissance des bénéfices de 14 % en 2025… voire le dépasser.

Même si l’économie globale peut dicter la croissance des bénéfices, l’activité manufacturière compte pour une très grosse part des bénéfices du S&P 500, ce qui peut poser un problème. Il existe une solide relation entre le sondage mensuel PMI sur l’activité manufacturière et la croissance des bénéfices dans six mois (degré de corrélation de 0,7). Or, au cours des deux derniers mois, nous avons observé un recul de l’indice PMI du secteur manufacturier, ce qui pourrait témoigner d’un ralentissement du rythme de croissance des bénéfices. La relation est très étroite du point de vue de la tendance, de sorte que le S&P pourrait difficilement enregistrer une croissance des bénéfices en 2025, alors que les prévisions consensuelles anticipent actuellement un ralentissement de l’activité manufacturière.

Ce recul des données manufacturières n’est pas de bon augure pour la croissance future des bénéfices

Ce qui est tout aussi préoccupant, c’est que le mouvement de révisions à la hausse des bénéfices des derniers mois semble s’être renversé, même pour le tout-puissant marché boursier américain, et l’optimisme à l’égard des bénéfices pour 2025 semble diminuer de façon générale.

Il y a cependant quelques bonnes nouvelles. Même si l’inflation redescend, selon l’IPC, les prix des producteurs diminuent plus rapidement encore. Cela pourrait aider à maintenir les marges bénéficiaires à des niveaux intéressants. Les pressions sur les salaires semblent aussi s’estomper, ce qui est une bonne nouvelle pour les coûts de nombreuses sociétés. Mais sans doute que la meilleure nouvelle, c’est que les taux à un jour diminuent, alors que les banques centrales reviennent graduellement vers des taux normaux, peu importe à quels niveaux ils s’établiront. Cela permet de maintenir une certaine pression à la hausse sur les ratios boursiers ou sur le prix que le marché devra payer pour 1 $ de bénéfices.

Les prévisions de bénéfices pour 2025 diminuent

Conclusion

Il est difficile de parier sur un recul des entreprises, qui sont très habiles à gérer les attentes, à gérer les hausses de coûts et à tenir leurs promesses. Toutefois, les gains des dernières années peut être en bonne partie attribués au marché où la croissance des bénéfices a été la plus forte. Comme les prévisions actuelles pour 2025 favorisent le marché américain sur le plan de la croissance, les États-Unis pourraient continue de se démarquer. Par contre, le niveau actuel du marché américain reflète des conditions quasi idéales, de sorte que les chiffres réels pourraient décevoir.

La ronde des résultats sera déterminante, puisqu’elle permettra de voir si les entreprises sont toujours parfaitement en mesure de réussir, malgré les fluctuations de l’inflation, des coûts, des salaires, des taux d’intérêt et de toutes les autres variables.

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