L’État du marché
21 octobre 2024
Élections : la seule certitude est l’incertitude
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Résumé : Les marchés ont progressé au cours des deux derniers mois, grâce aux bonnes nouvelles concernant l’économie et l’inflation. Toutefois, si l’on se fie au passé, les quelques semaines précédant une élection aux États-Unis s’accompagnent souvent d’une hausse de la volatilité, qui pourrait être amplifiée compte tenu de la course très serrée. Cela dit, ce marché a surmonté sans difficulté de nombreux obstacles – de la débâcle des opérations de portage sur le yen à l’intensification des conflits mondiaux.
Notez que nous n’aimons pas trop parler de l’impact de la politique et des élections sur les portefeuilles pour un certain nombre de raisons. Comme on l’a vu lors des dernières élections, les sondages peuvent se tromper, et à vrai dire on note souvent une discordance entre les réponses et les comportements des gens. L’autre enjeu, c’est que personne ne sait si les promesses faites durant la campagne se traduiront par des mesures concrètes. Et enfin, la grande inconnue : comment le marché réagira-t-il aux résultats de l’élection et qu’est-ce qui est déjà escompté? Lorsque Trump a déjoué les sondages pour l’emporter en 2016, les marchés ont chuté de près de 10 % durant la nuit, mais ils avaient déjà effacé leurs pertes au début de la séance du lendemain pour repartir à la hausse les jours suivants. Tout bien considéré, changer la répartition à long terme de son portefeuille en raison de l’élection à venir est probablement une mauvaise stratégie, qui revient pratiquement à tirer à pile ou face.
Cela dit, certains éléments méritent d’être pris en compte. De toute évidence, le résultat de l’élection du 5 novembre sera on ne peut plus serré. Aujourd’hui, la moyenne des sondages nationaux place les démocrates légèrement en tête, et certains signes indiquent qu’ils profitent d’une tendance plus favorable. En revanche, Pedictit, une plateforme participative/de jeu, prédit une victoire des républicains. La seule certitude, c’est que le résultat demeure incertain.
Jusqu’à maintenant, les marchés semblent assez sereins face à cette élection. Par le passé, les propos tenus durant la campagne semblaient causer une plus grande volatilité intrajournalière à l’approche du jour de l’élection; or, personne ne semble s’en soucier cette année. Cela pourrait changer à mesure que l’élection se rapproche, mais les marchés sont manifestement plutôt calmes en ce moment. Le graphique ci-dessus suit l’évolution de l’indice VIX, une mesure de la volatilité des options sur le marché américain, au cours des 20 jours de négociation qui ont précédé et suivi les dernières élections présidentielles américaines.
Bien que les marchés boursiers ne semblent pas se préoccuper de l’incertitude entourant l’élection, les marchés des changes réagissent. La volatilité des cours des options sur devises s’est accentuée et le dollar américain s’est apprécié, ce qui pourrait s’expliquer par les opérations de couverture ou le rapatriement aux États-Unis d’actifs libellés en dollars. Cette situation a contribué au raffermissement du dollar américain, mais le mouvement pourrait s’inverser après l’élection.
À en juger par les sondages et les probabilités en date d’aujourd’hui, voici les deux scénarios les plus probables :
Victoire des démocrates et gouvernement divisé – un gouvernement divisé est souvent un facteur positif pour les marchés, car cela complique l’adoption de nouvelles politiques. De plus, les changements moins nombreux réduisent l’incertitude, ce qui plaît aux marchés. Il pourrait s’agir du meilleur scénario pour le marché. On risquerait moins une escalade tarifaire, qui pourrait nuire aux marchés et à l’économie et exercer une pression à la hausse sur l’inflation. De plus, il serait difficile d’augmenter les plans de dépenses, ce qui atténuerait les craintes liées au déficit et exercerait des pressions à la baisse sur les taux. Cependant, les baisses d’impôt prendraient probablement fin, ce qui aurait un impact assez important sur l’économie en 2026.
Balayage républicain – la politique budgétaire serait étendue ou deviendrait même plus expansionniste, ce qui serait positif pour l’économie. Toutefois, les risques de déficit augmenteraient et la confiance dans une gestion prudente des finances publiques s’effriterait, ce qui ferait augmenter les taux obligataires et l’inflation. Le risque d’une crise tarifaire 2.0 est bien réel, ce qui ajouterait à l’incertitude.
Il existe bien sûr d’autres scénarios, notamment celui que le suspense continue. La probabilité que l’élection soit contestée est probablement plus élevée qu’elle ne l’a été depuis de nombreuses années. D’ailleurs, certains commentaires ou problèmes soulevés à l’approche du jour de l’élection semblent préparer le terrain à une contestation du résultat, ce qui pourrait causer de l’incertitude et nuire aux marchés. Le 20 janvier est le jour de l’investiture du nouveau président, et il reste encore beaucoup de temps entre le 5 novembre et le 20 janvier.
Heureusement, on peut penser que tout le monde s’y attend un peu. À notre avis, c’est ce qui explique que les valeurs refuges ont progressé.
Conclusion
Préparez-vous à une plus grande volatilité à l’approche du jour de l’élection. Nous serions très étonnés que les marchés continuent de progresser tranquillement au cours des deux prochaines semaines avant l’élection. Et la volatilité pourrait bien persister par la suite, surtout si les résultats sont contestés. Puis, une fois la poussière retombée, les taux, l’économie et bien sûr les bénéfices recommenceront à dicter l’évolution des marchés.