L’État du marché
18 février 2025
Une occasion à saisir
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Les marchés sont vraiment merveilleux. Chaque jour, des millions de personnes achètent et vendent différents titres, ce qui détermine le prix d’un actif en temps réel. Cependant, la grande majorité des investisseurs n’effectuent aucune opération et ne font que conserver leur portefeuille pour idéalement voir leur patrimoine s’accumuler. Certaines années, comme au cours des deux dernières, les marchés récompensent généreusement les investisseurs avec de solides rendements dans les deux chiffres dans bien des cas. D’autre fois, ils peuvent être cruels, comme en 2022, où les actions et les obligations ont reculé en même temps.
La difficulté, c’est que l’art d’investir – dans le but de dégager un rendement afin de financer un objectif – consiste à savoir gérer l’incertitude. Les tarifs douaniers ou la menace de tarifs douaniers entraîneront-ils une hausse de l’inflation ou feront-ils chuter les marchés? Ou la croissance économique plus généralisée prévaudra-t-elle, contribuant à la croissance des bénéfices, le principal moteur du rendement du marché? La plupart du temps, cela relève presque du hasard, bien qu’un résultat positif soit heureusement un peu plus fréquent. Dans le passé, le marché boursier s’est apprécié 70 % à 75 % du temps.
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Cependant, prédire l’évolution du marché n’équivaut pas à tirer à pile ou face, puisque chaque tirage n’a pas d’effet sur le prochain. Si vous tirez cinq fois à pile ou face et que la pièce tombe toujours sur face, elle aura encore 50 % de chances de tomber sur face au prochain lancer. En revanche, si le marché progresse ou recule cinq années de suite, la probabilité qu’il change de direction continue d’augmenter, ce qui crée des occasions et augmente les risques. Bien reconnaître les moments où les probabilités jouent suffisamment en votre faveur, c’est ce qui fait le succès d’un investisseur. Toutefois, dans bien des cas, cela demande d’avoir une vision à contre-courant où l’on se sent souvent bien seul, ce qui peut être difficile.
L’année 2025 représente-t-elle une occasion?
L’indice S&P 500 a progressé de 26 % et de 25 % au cours des deux dernières années, contre 12 % et 22 % pour le TSX et 20 % et 16 % pour les marchés mondiaux. Comme le rendement annuel moyen des actions est proche de 10 %, on pourrait avancer que la pièce est truquée et a plus de chances de tomber du coté d’un scénario baissier. Ou encore, on peut adopter une perspective à long terme. Le graphique ci-dessous présente le rendement mobile sur deux ans du S&P 500. Les deux dernières années de solides gains ne sont pas sans précédent, bien que rares. Et vous remarquerez que ces hausses sont souvent suivies d’une baisse plutôt marquée.

Actuellement, certains facteurs sont positifs pour le marché, et d’autres négatifs. Les rendements passés substantiels sont un facteur négatif, tout comme les valorisations, surtout aux États-Unis. Les écarts de taux et la volatilité sont faibles. En revanche, de nombreux autres marchés ne sont pas chers, la croissance économique semble se généraliser et les liquidités sont abondantes. Disons qu’un scénario baissier est un peu plus probable. La probabilité de rendements exceptionnels à partir d’ici est sans doute plus faible qu’en temps normal.
En fait, l’année pourrait être normale, malgré tout le bruit ambiant. À ce stade-ci, nous estimons que nous aurons droit à une année plus ordinaire du point de vue du rendement, qui pourrait être inférieur à 10 %. Nous pensons aussi qu’il y aura des fluctuations importantes. Voici quelques éléments à considérer pour ce type de marché, s’il évolue comme nous l’anticipons :
1. Éviter les erreurs émotives – Les fluctuations plus marquées peuvent enhardir les investisseurs en période de hausse ou accroître le risque de capituler au mauvais moment advenant une baisse. Les nombreuses distractions (qui émanent du système politique américain principalement) augmentent ce risque.
Nous en avons déjà un peu fait l’expérience avec l’imposition récente de tarifs, qui ont ensuite été reportés. Ce lundi-là, l’indice TSX, qui était en baisse de 3 % à l’ouverture, a récupéré une bonne partie de ses pertes lorsque les tarifs douaniers ont été reportés. Certains avaient réduit leur exposition au marché canadien il y a des mois, et pourtant l’indice se situe aujourd’hui près de son niveau record. Comme nous l’avons souligné, cette année n’est pas propice aux changements hâtifs ou soudains.
2. Être actif – Il ne fait aucun doute que si les marchés progressent en ligne droite, il est préférable de détenir des titres risqués. Toutefois, compte tenu des deux dernières années et du contexte, cette année les fluctuations sont plus marquées dans les deux directions, et les marchés finissent par faire du surplace. Une gestion plus active devient alors plus avantageuse, en tirant parti des baisses du marché, voire en réalisant quelques gains lorsqu’il rebondit.
Vous pourriez par exemple opter pour une répartition plus active de l’actif. Nous avons bien sûr une préférence pour une approche tactique, mais peu importe la stratégie choisie, une année de rendements plus faibles et plus volatils justifie d’être plus tactique. De plus, l’amélioration de l’ampleur du marché favorise aussi une gestion active.
3. Profiter de la volatilité – Une année de rendements plus faibles marquée par des fluctuations plus prononcées devrait favoriser les stratégies qui tirent parti de la volatilité. Bien que l’indice VIX demeure faible actuellement, la volatilité des sociétés individuelles est plutôt élevée. Les stratégies à base d’options qui misent sur les taux pourraient connaître une bonne année. Bien qu’il y ait de nombreuses variantes dans ce secteur, étant donné la hausse des taux à court terme et notre prévision d’un marché moins généreux et plus agité, nous estimons que la vente d’options de vente couvertes en espèces est une bonne stratégie. Les liquidités rapportent un rendement décent, auquel s’ajoutent les primes des options. Advenant une fluctuation à la baisse des marchés, des actions seront achetées automatiquement. Tant que le marché ne baisse pas trop, cela devient une stratégie d’achat en période de baisse automatique.
Conclusion
Ne prenez pas des décisions irréfléchies, essayez de contrôler vos émotions et surveillez les secteurs où il pourrait y avoir des distorsions de prix ou des réactions excessives. Et la plupart du temps, ne faites rien. Souvent, les occasions sur le marché se présentent toutes en même temps et les actifs mal évalués ou les occasions se font rares en ce moment. Ce sera peut-être une année ennuyante… mais avec beaucoup de distractions.