Analyse des valorisations


L’État du marché
29 janvier 2024.

Le marché actuel peut certainement nous amener à remettre en question l’importance des valorisations. Si vous aviez osé investir dans Nvidia il y a un an, malgré le ratio cours/bénéfice de 60 (bénéfices prévisionnels), vous avez été récompensé. Quant à Microsoft, son ratio C/B de 33 continue d’augmenter, malgré des prévisions de croissance des bénéfices d’environ 15 % seulement. Sinon, dans le secteur pharmaceutique, auriez-vous choisi une société qui se négocie à 50 ou à 12 fois les bénéfices? Étonnamment, vous auriez dû choisir Lily (50) et non Pfizer (12). Évidemment, résoudre une pandémie, c’est bien, mais trouver une solution au surpoids est beaucoup plus profitable.

Dans l’indice S&P 500, le rendement moyen dans le quartile des sociétés qui affichaient les plus faibles valorisations au début de 2023 a été de 8,9 %. Pas mal! Cependant, les sociétés dont les valorisations étaient les plus élevées ont inscrit des gains de 17,7 %. Et il n’y a pas que les valorisations des actions américaines qui ne semblent plus avoir d’importance. Les marchés émergents se négocient à des valorisations très faibles depuis des années et sont constamment à la traîne des marchés développés. Selon les indices Bloomberg des marchés développés et des marchés émergents, l’écart est important, soit environ 18 contre 12. Autre fait intéressant, les bénéfices devraient augmenter de 28 % pour les marchés émergents au cours des deux prochaines années, contre 18 % pour les marchés développés. L’indice TSX se négocie quant à lui à 14 fois les bénéfices, comparativement à 20 pour l’indice S&P 500, un écart de valorisation qui dure depuis longtemps, et c’est pourtant le S&P 500, plus cher, qui continue de l’emporter.

Chères ou bon marché, les valorisations ne semblent plus avoir d'importance

Cela dit, comparer les valorisations entre deux marchés équivaut à comparer des pommes et des oranges. La composition du marché et les pondérations sectorielles expliquent souvent en grande partie les écarts de valorisation. Par exemple, l’indice S&P 500 est actuellement composé à 30 % de titres technologiques, un secteur où le multiplicateur est souvent plus élevé. Pour le TSX, c’est moins de 10 %. Le S&P 500 est plus concentré dans les secteurs des biens consommation de base et de la santé et moins dans les secteurs de l’énergie et de la finance que le TSX. Les titres des secteurs des biens de consommation de base et de la santé affichent souvent des valorisations plus élevées que les titres plus cycliques de l’énergie et de la finance.

Toutefois, les valorisations sont importantes. Le graphique ci-dessous, basé sur les données du S&P 500 depuis 1950, illustre le rendement moyen de l’indice en fonction des niveaux de valorisation de départ. Il est clair qu’en moyenne, les rendements futurs sont plus faibles lorsque les valorisations sont élevées. Ce qu’il faut retenir, c’est que les moyennes cachent beaucoup d’informations. Il est vrai que le rendement moyen dans le quartile de valorisation le plus cher est presque nul, cependant, le rendement sur 12 mois oscille entre +39 % et -38 %. C’est beaucoup. Le rendement sur 3 ans varie entre -17 % et +18 %. Par conséquent, même si les valorisations sont élevées, tout peut arriver.

Soulignons que la fourchette de rendement est attrayante quand les valorisations de départ sont bon marché (moins de 11,4). Le pire rendement annualisé sur 3 ans était nul et le meilleur était de 26 %. Aujourd’hui, toutefois, les valorisations ne sont pas bon marché, elles sont plutôt exagérées.

À 20 fois les bénéfices, le S&P 500 est difficilement conciliable avec des rendements robustes... en moyenne

Ce sont les sept (ou huit) géants du S&P 500 qui ont poussé les valorisations à un niveau extrême et propulsé l’indice. L’indice S&P 500 n’a jamais été aussi concentré ou presque, ce qui pousse également les valorisations vers des niveaux plus élevés. Pour l’illustrer, le graphique ci-dessous compare les valorisations de l’indice S&P 500 (indice traditionnel pondéré en fonction de la capitalisation boursière) à celles de l’indice S&P 500 équipondéré. Ce sont les mégacapitalisations qui contribuent au niveau élevé du S&P 500, alors que le marché général est loin d’être aussi cher.

Conclusion

Les huit géants pourraient très bien continuer de grossir en 2024, ce qui pousserait le segment le plus cher du marché encore plus haut. Le ratio C/B moyen des huit géants est actuellement de 36 fois les bénéfices prévisionnels, mais comme nous l’avons appris en 2023, un niveau de valorisation de départ élevé ne veut rien dire, car, à court terme, tout est possible. Cependant, compte tenu de la concentration du marché et des valorisations, le scénario inverse a probablement plus de chances de se produire. Continuez de surveiller les valorisations; à long terme, elles représentent l’un des meilleurs indicateurs de rendement et peuvent offrir une marge de sécurité.


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