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L’État du marché
26 février 2024.

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Depuis le début d’année, les investisseurs se sont rués vers les liquidés, ont étoffé leurs placements en obligations et ont réduit leurs avoirs en actions. Nous vous avisons tout de suite que nous utiliserons les données du marché boursier américain, parce que c’est plus commode et que les gros chiffres sont plus amusants. Selon les données de l’Investment Company Institute (ICI), les investisseurs ont retiré 25 G$ d’actifs investis dans des actions, placé 122 G$ de plus dans des liquidités et augmenté de 52 G$ leurs placements en obligations. Le graphique ci-dessous présente la moyenne mobile sur quatre semaines des flux d’actif investis dans des obligations et des actions. Ces dernières années, les mouvements de fonds des actions ont été sporadiques, marqués par de brèves périodes d’entrées et de sorties de fonds. En 2023, une excellente année pour le marché, les sorties de fonds des actions se sont chiffrées à 133 G$, et la tendance en 2024 est assez semblable. Les obligations, qui ont subi d’ÉNORMES sorties de fonds en 2022 alors que les taux augmentaient, attirent davantage d’actifs depuis quelque temps.

Même si les actions atteignent de nouveaux sommets, les petits investisseurs réduisent leur part d’actions pour privilégier les obligations et les titres liquides

Alors que les flux d’actif des actions ont été globalement négatifs, les investisseurs semblent réduire leur exposition aux actions américaines en général. Du côté des actions internationales, on note une légère hausse, et d’après les flux d’actif des FNB, la technologie attire une certaine part de capitaux. Maintenant, qu’en est-il des liquidités et des obligations? Compte tenu des taux les plus intéressants depuis des années, on ne peut guère s’étonner du caractère très attractif des liquidités et des obligations.

L’afflux d’actif vers les titres liquides a été remarquable. Ce qui l’est encore plus, c’est que ce mouvement vers les liquidités a coïncidé dans le passé avec des périodes de faiblesse du marché (voir les années 2001, 2008 et 2020 dans le graphique ci-dessous). Or en ce moment, cet afflux d’actif correspond davantage à du capital attiré par un taux intéressant qu’à de l’argent retiré des marchés boursiers pour être mis à l’abri. Des conditions plus attractives que répulsives. Il est important également d’analyser la provenance des fonds. Si l’argent est simplement déplacé d’un compte bancaire qui rapporte très peu vers un instrument dont le rendement est plus élevé, il est possible que l’argent ne soit jamais investi dans des titres plus risqués comme des actions ou des obligations. Une partie le sera toutefois, et il y a quantité de liquidités qui attendent sur les lignes de côté.

L’argent continue d’affluer vers les produits liquides

En raison des rendements plus élevés des liquidités, des CPG, des obligations et même des actions à dividendes, la question qui est sans doute revenue le plus souvent l’année dernière est la suivante : « Quelle est la meilleure option entre les liquidités, les CPG et les obligations? ». Pour ce qui est des actions à dividendes, nous y reviendrons dans un prochain numéro.

Liquidités, CPG ou obligations?

Il n’y a pas de réponse simple; cela dépend beaucoup de la finalité du capital et de l’évolution de ces marchés. Pour simplifier l’analyse, nous utiliserons comme étalon les comptes d’épargne à intérêt élevé pour les liquidités et un CPG à taux avantageux pour les CPG. Évidemment, il s’agit de simples estimations ou approximations.

En ce moment, on trouve du rendement
à peu près partout

L’aspect vraiment intéressant en ce moment, c’est la grande similarité des taux entre les trois options. Les CEIE, même après les modifications législatives, offrent un taux oscillant entre 4,5 % et 5 %. Le taux des CPG est légèrement plus bas, soit un peu au-dessus de 4 %. Quant aux obligations, leur taux courant se situe dans une fourchette de 3 % à 3,5 %, plus une plus-value intrinsèque du fait que la plupart se négocient à escompte par rapport à leur valeur nominale, ce qui porte le taux minimal autour de 4,2 %. Donc, en réalité, les trois options offrent des rendements décents qui sont très proches.

Chacune des trois options présente des caractéristiques assez différentes, qui réagiront différemment selon l’évolutiondes marchés et des taux au cours des trimestres ou des années à venir. Le tableau ci-dessous cherche à illustrer quelques-unes des caractéristiques les plus pertinentes de chaque option.

CEIECPGObligations
TauxVarie en fonction des taux d’intérêtFixeLe taux courant change lentement (plus faible que celui des CEIE/CPG), le rendement à l’échéance peut changer rapidement
LiquiditéTrès liquideIlliquideTrès liquide
Prix affichéStableStableFluctue en fonction des taux
Risque de créditTrès faibleTrès très faibleUn peu de risque, selon l’instrument
Considérations liées au portefeuilleEspèces immédiatement disponiblesEspèces à durée fixeRapport réflexif

Tout dépend de ce qui arrive ensuite. Voici trois scénarios simplifiés, avec les gagnants et les perdantsentre les CEIE, les CPG et les obligations.

Même s’il ne s’agit pas de notre scénario de base, qu’est-ce qui se passerait si l’inflation persistait ou même s’accélérait? L’IPC des États-Unis a d’ailleurs augmenté ces derniers mois. En pareil cas, les banques centrales n’abaisseraient probablement pas les taux de sitôt et pourraient même les augmenter. Cela se traduirait vraisemblablement par une hausse des taux obligataires.

  • Les CEIE l’emportent, puisque les taux restent élevés et que toute hausse potentielle des taux se traduirait par un meilleur rendement, combiné à une valeur stable.
  • Les CPG s’en sortent bien, étant donné que le taux élevé est bloqué, et malgré le fait qu’ils ne tiennent pas compte des hausses de taux, le prix affiché du CPG resterait stable même si les taux montent.
  • Les obligations sont perdantes, puisque la hausse de l’inflation et des taux fait baisser les cours des obligations.

L’inflation continue de ralentir, ce qui permet de réduire légèrement les taux d’escompte. Cependant, comme l’économie est toujours résiliente, les banques centrales réduiront les taux avec modération. Les trois options donnent des résultats acceptables dans ce scénario.

  • Les CPG l’emportent, étant donné que le taux de coupon est bloqué à un niveau qui est maintenant plus élevé que celui du marché en général.
  • Les CEIE s’en sortent bien. La baisse des taux d’escompte se traduit par un rendement plus faible, mais comme elle reste modérée, le rendement demeure intéressant.
  • Les obligations s’en sortent bien. La baisse de l’inflation et des taux d’escompte devrait entraîner une légère dimunition des taux obligataires, ce qui ajoutera une plus-value au taux courant.

L’inflation ralentit en raison de la décélération continue de l’économie, ce qui entraîne des réductions de taux plus musclées de la part des banques centrales. La récession provoque aussi une chute marquée des taux obligataires.

  • Les obligations l’emportent, car la baisse des taux entraîne une plus-value en capital. Cependant, nn certain risque de crédit peut exister, selon le type d’obligations détenues.
  • Les CPG s’en sortent bien, puisqu’ils profitent d’un taux bloqué. Dans ce cas, la stabilité du  prix des CPG représente un désavantage, car leur prix augmenterait les taux obligataires étaient plus faibles.
  • Les CEIE sont à la peine lorsque le taux de rendement diminue, car les banques centrales réduisent les taux d’escompte de manière plus agressive.

Ces scénarios, bien que très simplifiés, montrent certains avantages et inconvénients de chaque option. Toutefois, d’autres considérations encore plus importantes sont à prendre en compte. Si le capital est simplement en quête d’un taux plus élevé que celui d’un compte de chèques, par exemple, choisissez un CPG (taux fixe) ou un CEIE (taux variable). Cependant, si le capital fait partie d’un portefeuille global, c’est un peu plus compliqué. 

Les obligations ont tendance à bien se comporter dans un contexte d’aversion au risque (c’est-à-dire lorsque les actions perdent de la valeur) – C’est le rapport réflexif qui caractérise les obligations et les actions. Même si ce n’est pas toujours le cas, comme on l’a vu en 2022, c’est ce qu’on observe la plupart du temps. Les obligations servent à stabiliser le portefeuille et elles évolueront souvent dans la direction opposée, en particulier lorsque les actions baissent. Les CEIE et les CPG offrent une stabilité de prix, mais elles n’ont pas ce comportement réflexif.

Autre possibilité – Et si les actions chutaient de 20 % ou 30 %? La capacité de rééquilibrer le portefeuille durant les périodes de plus grande volatilité du marché est un processus très important qui ajoute de la valeur avec le temps. Si une trop grosse part du capital est immobilisée, cela réduit le potentiel de rééquilibrage. Les obligations et les CEIE offrent plus de possibilités.

Conclusion

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse à la question posée initialement. En fait, cela dépend beaucoup de la finalité du capital et de l’évolution du marché. Et même si cela peut complexifier le processus, au moins aujourd’hui les options pour trouver du rendement sont plus nombreuses. Il y a quelques années, la demande pour les liquidités, les CPG ou même les obligations était beaucoup moins grande qu’elle ne l’est aujourd’hui. C’est bien d’avoir du choix.


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