Le pays du soleil levant brille toujours


L’État du marché
28 novembre 2023.

Avez-vous déjà remarqué que lorsqu’un gestionnaire, un conseiller ou un investisseur parle de son portefeuille, il insiste souvent bien plus sur ses bons coups que sur ses mauvais coups? Ce comportement ne se limite pas au monde des placements, c’est une caractéristique humaine, que l’on observe aussi en politique, dans les sports, etc. Avant de revenir sur notre penchant pour les titres japonais – une préférence de nos stratégies multiactifs qui a porté fruit – nous allons donc parler d’une stratégie qui n’a pas fonctionné.

Nous avons en effet sous-pondéré légèrement les actions américaines (25,2 % contre 30 %). Oups! Le marché boursier américain a été l’un des plus performants cette année. Et pourtant, le choix de le sous-pondérer demeure logique.

  1. Le marché américain est très concentré. Les 10 principaux titres représentent 33 % de l’indice et comptent pour environ 75 % des gains cette année, des niveaux extrêmes d’un point de vue historique, qui augmentent le risque de l’indice ou du marché.
  2. À 18,5 fois les bénéfices, les valorisations sont un peu élevées par rapport aux normes historiques, mais compte tenu de l’ampleur de la hausse des taux obligataires et comme les valorisations dans presque tous les autres marchés sont inférieures aux normes historiques, les États-Unis font figure d’exception.
  3. Les prévisions de bénéfices demeurent robustes, tandis que celles de la plupart des autres marchés ont baissé en raison du ralentissement de l’activité et des coûts plus élevés, allant des salaires aux frais d’intérêt.

Disons simplement que nous continuons de sous-pondérer légèrement les actions américaines, ce qui est toujours justifié… même si c’était de toute évidence un mauvais choix jusqu’ici cette année. Maintenant que nous avons discuté de ce qui n’a pas fonctionné, parlons du Japon.

Notre optimisme pour le Japon remonte à l’été dernier (publication de juillet 2022 – Des lendemains prometteurs pour le Japon) pour différentes raisons 1) la grande faiblesse du yen, 2) le marché japonais offre un moyen plus sûr d’investir dans les économies asiatiques, qui se sont déconfinées plus tard que l’Occident, 3) les ratios C/B se situaient près des creux des 25 dernières années et le rendement en dividendes, près du sommet. Notre stratégie a porté fruit; le Japon a progressé d’environ 23 % depuis, une croissance à peu près égale à celle du S&P 500 (25 %) et bien supérieure à celle du TSX (10 %).

Le yen s’est effectivement apprécié à la fin de 2022, mais en 2023, il est redescendu à environ 110 yens pour un dollar canadien. Autrement dit, il demeure très dévalué par rapport à d’autres monnaies. Quiconque a voyagé au Japon peut confirmer que le dollar a un bien plus grand pouvoir d’achat qu’il y a quelques années.

Le yen est bon marché, presque au plus bas de sa fourchette historique

Évidemment, le fait qu’une monnaie soit bon marché ne veut pas dire qu’elle va s’apprécier. Un facteur important est l’intransigeance ou la complaisance relative des banques centrales. Au cours de la dernière année, la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada (BdC) sont devenues de plus en plus intransigeantes, tandis que la Banque du Japon (BdJ) a également suivi cette tendance, mais beaucoup plus timidement. La Banque du Canada et la Fed semblent maintenant avoir mis fin à leur cycle de relèvement. Si nous devions prédire laquelle réduira les taux en premier, nous dirions la Banque du Canada (ou du moins, c’est ce qui devrait arriver). Par ailleurs, au Japon, la transition d’une attitude conciliante à une attitude plus intransigeante se poursuit, mais plus lentement. Pour résumer, l’intransigeance relative de la Fed/BdC par rapport à la Banque du Japon devrait favoriser le yen dans le futur, ou alors le différentiel de taux historiquement élevé entre le Japon et les États-Unis ou le Canada devrait se resserrer ou du moins ne plus se creuser. L’assouplissement par la Banque du Japon de son contrôle de la courbe des taux pourrait toutefois changer la donne et entraîner un raffermissement rapide du yen.

Cependant, la faiblesse du yen a un bon côté même sans raffermissement, puisque cela donnera un coup de pouce aux actions japonaises, notamment celles des sociétés exportatrices. Une bonne partie des ventes du marché boursier japonais, soit environ 50 %, sont faites à l’étranger. On peut donc dire que tous ces secteurs d’activité sont plus concurrentiels quand le yen est plus faible, ce qui devrait continuer de stimuler les bénéfices.

Qu’en est-il des valorisations?

Cela nous amène aux valorisations. Il y a un an, le marché boursier japonais se négociait à environ 13 fois les bénéfices, contre 15 aujourd’hui. Il est donc un peu plus cher, mais encore bon marché par rapport aux moyennes historiques. Le ratio cours/ventes de 0,8 demeure près des niveaux de valorisation planchers. Globalement, ce n’est pas assez convaincant pour investir, mais cela demeure certainement un facteur favorable.

Les valorisations ne sont pas aussi bon marché qu'il y a un an, mais demeurent attrayantes

En ce qui concerne les valorisations, dans ce cas-ci le ratio C/B, il est important de se rappeler qu’il n’y a pas que le C (cours) qui peut changer, le B (bénéfice) peut aussi changer. Les prévisions des bénéfices pour les actions japonaises ont passablement diminué au cours de la dernière année. Ce n’est peut-être pas une bonne nouvelle, mais cela signifie que le marché a commencé à escompter un ralentissement économique. Par exemple, les bénéfices pour 2024 sont passés de 106 en janvier 2022 à seulement 80 aujourd’hui, une baisse de 25 %. Quant aux prévisions de bénéfices du S&P 500 pour 2024, elles ont diminué de seulement 7 % au cours de la même période. Autrement dit, les prévisions de bénéfices semblent plus prudentes pour le Japon que pour les États-Unis. De plus, elles se sont stabilisées et ont été revues légèrement à la hausse dernièrement.

Les prévisions avaient baissé, mais elles sont maintenant révisées à la hausse

Ensuite, il y a la diversification. À la hausse comme à la baisse, les indices TSX et S&P 500 évoluent généralement dans la même direction. Alors pourquoi le TSX n’a-t-il pas gagné 19 % cette année, comme le S&P 500? En fait, ils évoluent dans la même direction, mais pas nécessairement dans le même ordre de grandeur. De plus, le TSX a mieux résisté en 2022. Le S&P 500 offre une bonne source de diversification, puisque sa corrélation avec le TSX est d’environ 0,6 d’après les rendements mobiles sur trois mois depuis 1990. À 0,5, la corrélation avec l’indice japonais peut sembler assez similaire, mais il ne faut pas oublier un facteur important. Personne ne fait attention aux corrélations plus élevées lorsque les marchés progressent, mais une corrélation plus faible est plus importante lorsque les marchés reculent. Durant ce même laps de temps, si l’on tient compte uniquement des périodes où le TSX était dans le rouge, la corrélation avec le S&P 500 est toujours d’environ 0,6, mais celle avec le Japon est beaucoup plus faible, à 0,3.

Le Japon offre une bonne source de diversification, surtout durant les périodes de faiblesse des marchés

En conclusion

Merci d’avoir remonté le fil de nos perspectives passées pour le Japon pour nous permettre d’exposer notre nouvelle position. Disons simplement que nous demeurons optimistes pour le Japon.


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Sources : Les graphiques ont été produits par Bloomberg L.P., Purpose Investments Inc. et Patrimoine Richardson, à moins d’indication contraire.

Le contenu de cette publication a été rédigé et produit par Purpose Investments Inc. à partir de ses recherches et est utilisé par Patrimoine Richardson Limitée à titre d’information seulement.

* Ce rapport a été rédigé par Craig Basinger, stratège en chef des marchés, Purpose Investments Inc. Craig Basinger a été muté chez Purpose Investments Inc. le 1er septembre 2021.

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